Le canal du Doubs
Le canal du Doubs

Nouvel article mis en ligne le 3 septembre 2015

 

Notre ordinateur ne voulant plus rien savoir, il nous a fallu attendre d’en acheter un nouveau pour donner des nouvelles.

Nous vous avions laissé, le 14 juillet dernier, à la frontière suisse, tout près de Bâle.

 

Après quelques 1 300 km de vadrouille par les petites routes gauloises, nous voici début septembre à St Céré (Lot) où nous allons faire une petite pause, histoire d’être un peu avec nos amis mais aussi de reprendre goût au confort et par la même occasion de regagner quelques kilos.

De Bâle nous sommes montés vers Mulhouse par l’Euro Vélo 6, cette même voie verte qui relie Nantes à la Mer Noire et que nous avions suivie en 2013. Mais que se passait-il donc avec cette région ? Quel était ce phénomène de rejet ? Pas moyen de trouver une carte routière et le GPS refusait de télécharger la carte Garmin. Alors que nous cherchions notre route aux abords de Mulhouse un autre couple également perdu mais venant en sens inverse nous donna une carte routière de Bourgogne dont ils n’avaient plus l’usage.

Grosse chaleur. Les thermomètres affichaient 35-36° à l’ombre. Nous faisions un petit bout de chemin avec un couple qui revenait d’une virée en Estonie-Lituanie-Pologne. Ils rentraient chez à Montbéliard.

L’ordinateur nous donnait du souci et ne voulait plus rien faire. Alors que je m’escrimais dessus, tentant vainement de déclencher un scan, un cyclo me proposa sa tablette. Je le remerciai mais il n’y avait pas d’urgence à se connecter. « Mais je vous la donne ! Elle vous dépannera. J’en ai deux autres avec moi et tout ce qu’il faut à la maison ». Il revenait d’un périple de trois mois de Venise à Sofia et retour par le Danube. Une première pour lui un si long périple et il avait des étincelles dans les yeux.

Depuis que nous étions sur cette EV6 nous retrouvions de nombreux autres cyclocampeurs chaque soir, seuls, en couple ou en famille.

La végétation chaude et humide sentait bon. La chaleur émanant des foins et la fraîcheur des frondaisons épaisses alternaient. Nous longions le Doubs et c’était agréable. Baume les Dames fut atteint pour déjeuner mais les tarifs du camping nous firent fuir. De Besançon nous ne voyions que la forteresse sur son rocher, un canal souterrain et son chemin de halage transformé en piste cyclable évitant complètement le centre-ville. D’un coup nous avions quitté Besançon sans même y être entrés. A Osselle nous nous arrêtions dans un camping plage au bord d’un étang. Il était 18 h passées. Les baigneurs commençaient à plier bagages et le calme revenait peu à peu. Un petit bain nous défatigua puis nous sortions les provisions. Nous n’avions ni pain ni fruits ni fromage, mais du riz en quantité pour nous caler l’estomac. A 20h30 nous nous enfermions sous la tente, la pluie commençant à tomber.

Cette voie cyclable le long du Doubs est remarquablement fléchée.

A partir d’Osselle les petits campings municipaux se succédèrent tous les dix kilomètres. Une bonne pluie en début de matinée ayant trempé la tente nous la replantions à midi au camping de l’île de Ranchot, très ombragé, loin de la circulation, très calme. De beaux saules argentés scintillaient au soleil dans un ciel maintenant complètement dégagé. Plaisir de sortir les carnets de croquis pour la première fois depuis Venise.

L’arrivée sur Dôle par le canal est charmante, d’écluse en écluse, et sous la voûte ombragée d’énormes platanes.

 C’est un peu après que l’on quitte le Jura pour entrer en Côte d’Or dans un paysage très plat pour commencer. Et le canal du Rhône au Rhin retrouva la Saône, large et paisible.

 

Mercredi 22-jeudi 23 juillet 2015 – Dijon

 

Bien qu’il ne soit pas aménagé en piste cyclable nous empruntions le chemin de halage du canal de Bourgogne qui trace une ligne droite de 27 km entre St Jean de Losne et Dijon.

Visite au Musée des Beaux Arts pour revoir du Vieira da Silva, Arpad Zsenes et Nicolas de Staël. Je n’éprouvais cependant pas l’émotion escomptée. Il est vrai que la mise en place est vieillotte et l’éclairage très mauvais. Le musée doit être prochainement rénové mais ce ne sera pas du luxe. Cependant, surprise de constater que tous les musées de Dijon sont gratuits. Nous n’aurons pas le courage d’en profiter plus. La chaleur lourde et crevante ne nous donnait qu’une hâte : quitter la ville pour nous retrouver dans la verdure.

Le vélodrome de Gaston, musée de Dijon
Le vélodrome de Gaston, musée de Dijon

Vendredi 24 juillet 2015 – Bligny sur Ouche – 51 km

 

A partir de Dijon, le canal de Bourgogne (242 km – 189 écluses) oblique vers le SO et suit la vallée de l’Ouche sur une trentaine de km avant de remonter vers le Nord, Pouilly en Auxois, Auxerre. Contrairement au canal du Doubs et du Rhône au Rhin, il est très peu utilisé par les pénichettes de plaisance et sur le chemin de halage, souvent à l’ombre et très bien aménagé, nous étions quasiment seuls. Au niveau de chaque village des haltes de repos avec tables et bancs sont à disposition. Les maisons d’éclusiers sont pimpantes et fleuries.

A Bligny, un camping tout simple comme on les aime : un pré et des sanitaires impeccables pour un prix vraiment raisonnable. Dans la soirée un vent du Nord se leva en charriant de lourds nuages.

Nous étions si bien dans notre pré, en oubliant les hurlements de deux gamins hollandais heureusement pas trop près de nous, que nous décidions d’y rester une journée entière. Une affichette placardée à la réception nous fit changer d’avis. « Samedi 25 juillet – Fête foraine et feux d’artifice – Venez tous sur le parking de la gare ». Or, le parking de la gare était juste à l’entrée du camping et les forains étaient bien là, en train d’installer manèges et auto-tamponneuses. Nous allions être aux premières loges. Aussi, peu avant midi, démontions nous la tente et rechargions les vélos, malgré un vent du Nord et la fraîcheur.

La petite route qui menait à Nolay vallonnait à travers collines dorées et bois touffus.

Nolay, la vieille halle et l'église
Nolay, la vieille halle et l'église

Nolay est très vieille France, avec une vieille halle, des rues pavées et d’anciennes boutiques  aux volets de bois. L’employée de l’Office du Tourisme fut très serviable et nous indiqua les coins les plus riches en églises romanes, ce qui nous fit remettre en question une fois de plus notre itinéraire. Pourquoi ne pas aller vers Cluny ?

Gare de Paris L'Hopital, "Tout le monde descend !" sur la piste cyclable près de Nolay
Gare de Paris L'Hopital, "Tout le monde descend !" sur la piste cyclable près de Nolay
Cluny
Cluny

Et c’est alors que commença notre virée des églises romanes qui allait nous guider pour le restant de notre périple. Vu à St Gengoux la maison des Concurés, heureusement pas située dans la rue Pavée d'Andouilles.

Ameugny
Ameugny

Vu près de Cormatin la très belle église de Chapaize (Xe siècle) et le hameau si paisible de Lancharre.

Balade sans bagages d’églises romanes en villages typiques par Ameugny, Taizé, Chisseux, Brancion. A Taizé l’affluence de pèlerins nous fit fuir. A la Chapelle sous Brancion nous admirions de belles fresques.

Le samedi, jour de marché à Cluny, un petit groupe de chevaux, dont deux à la superbe robe gris pommelé, fut mené en parade dans la rue commerçante. Une femme suivait et proposait aux spectateurs une dégustation de rondelles de saucisson … de cheval ! Je trouvais cela d’un goût douteux.

Visite guidée de l’abbaye de Cluny fort intéressante.

Une des nombreuses belles pièces conservées au musée de Cluny
Une des nombreuses belles pièces conservées au musée de Cluny

La voie verte qui relie Chalon/Saône à Macon devient  difficile à partir de Cluny,  pleine de parties escarpées et d’abruptes descentes pour franchir ou contourner les véritables petites montagnes de la région. Le tunnel du Bois Clair bien éclairé et d’une longueur d’1,5 km n’évite pas tout. Il reste que la Bourgogne a réalisé un beau réseau de pistes cyclables, voies vertes et vélo routes permettant de découvrir la région.

A Berzé-la-ville visite de la chapelle aux Moines connue pour ses fresques du XIIè le lendemain. De l’autre côté du val – et de l’autoroute – pointaient les toits de Milly Lamartine, lieu de naissance du poète. J’eus envie de relire ses Voyages en Orient.

«  L’homme est né voyageur. C’est pourquoi l’arbre a des racines et l’homme des pieds. Plut au ciel qu’il eut des ailes » (Lamartine) et maintenant qu’il a des ailes il n’est pas certain qu’il sache encore voyager.

La région souffrait de la sécheresse comme toute la France, excepté la Bretagne, et les collines avaient des teintes gris-brun-jaune sur lesquelles se confondaient les grosses bâtisses de vieilles pierres. Des arbres aux feuilles desséchées prenaient déjà des couleurs d’automne.

Paray le Monial
Paray le Monial

A Paray le Monial il y avait foule de pèlerins et touristes. Nous faisions une pause tartines et eau fraiche avant de remonter vers le Nord sur 5 km jusqu’au petit camping municipal de Volesvre.

Nous avions maintenant rattrapé le canal du Centre en passant par Charolles et à Digoin ce sera la Loire et son canal latéral vers le Nord.


Samedi 8 – dimanche 9 août 2015 – Dorne (Nièvre)

 

Après un orage de début de matinée, le ciel se déchirait et, peu avant midi, nous reprenions la route vers le nord-ouest, vers la Nièvre, afin de contourner Moulin par le Nord. 12 km plus loin il se remit à pleuvoir, une pluie dense et toute droite, sous un ciel gris uniforme et pas un poil de vent. Malgré les capes et les sacs en plastique en guise de couvre-chaussures nous arrivions à Dorne quelque peu humides.
Le camping municipal de cette petite bourgade est bien loin du centre, mais quelle paix en arrivant au bord de cet étang et sous ces grands arbres ! Même sous cette bruine qui avait remplacé la pluie et finissait de brouiller les lignes, c’était beau, d’une beauté simple, sans panache. Nous réussissions à diner à l’une des tables de pique-nique au bord de l’eau malgré un ciel toujours très menaçant.

Un campeur s’est installé non loin de nous. Il est arrivé dans une 2CV grise, son vélo accroché à l’arrière. Il a sorti une table et un siège pliant, et sa cafetière italienne. Une scène à la Doisneau.

Il a recommencé à pleuvoir, très dru, vers 10 h du soir, sans discontinuer jusqu’à 7 h du matin et le lendemain il fit presque froid.

Mardi 11 – mercredi 12 août 2015 – Meaulnes

 

Plus ça allait plus les étapes étaient courtes. Nous flânions sur ces petites routes si tranquilles, de hameaux en villages typiquement centre France, charmants sans ostentation. Après la journée de grande fraîcheur de dimanche la température était remontée progressivement. Il faisait lourd et nous n’avions pas beaucoup de courage. Le nom de Meaulnes évoque bien entendu le personnage d’Alain Fournier. Etonnant le succès qu’a eu cet auteur – mort tout jeune en 14 – avec un unique roman – presqu’une

nouvelle. Mais les traces du Grand Meaulnes, c’est un peu plus loin qu’on les trouve, un peu plus au Nord, dans le Berry.

 

Nous partions, sans bagages, par le joli Val de l’Aumance, direction Hérisson. Une petite route montant bien raide sur notre gauche menait à l’église classée de Chatelloy. Nous grimpions et la voyions bientôt toute entourée d’échafaudages. Malgré les horaires de visite indiqués sur la porte elle était fermée à clef. Une femme sortit de son jardin pour nous prévenir qu’elle venait de téléphoner à l’Office du Tourisme pour qu’on vienne l’ouvrir. Il suffisait d’attendre une dizaine de minutes. Comme nous décidions à voix haute de prendre le café sur le banc de pierre qui s’offrait à nous, elle nous proposa plutôt de nous installer sur sa terrasse. Nous protestions pour la forme. «  Ah !  Mais quand vous aurez vu ma terrasse ! » Nous entrions donc dans le jardin d’un ancien prieuré bénédictin du XVe siècle. Une maison sans prétention mais aux linteaux de portes sculptés de personnages. Dans le jardin la copie d’un Maillol. Et la terrasse en proue de l’église avec vue sur tout le Val. Un lieu d’exception. La propriétaire faisait chambre d’hôtes et m’ouvrit la chambre du rez-de-chaussée (la seule je crois bien). Une très belle toile dans les tons de blanc, rouge et ocre était accrochée au-dessus d’une cheminée. La fenêtre était ouverte et je me serais bien réveiller quelques matins dans ce grand lit face au Maillol.  L’église ne fut pas décevante, décorée à fresque de guirlandes végétales. Un Christ en majesté était représenté avec les cheveux blancs et la barbe de son père, le Bon Dieu. Les chapiteaux sculptés étaient colorés de rouge et ocre. A l’autre bout du hameau, près du lavoir, simple bassin en contrebas d’un talus et dans lequel plongèrent une flopée de grenouilles à notre approche, un céramiste contemporain avait placé une mère à l’enfant presque grandeur nature. Le lieu était de ce fait habité.

Nous repartions de Chatelloy avec le regret de ne pouvoir y séjourner un peu.

Du pays d’Alain Fournier nous passions à celui de Georges Sand. A Vesdun de beaux chapiteaux et des fresques dans l’église. La moitié du parcours se passa sous la pluie. A Culan, tandis que nous mangions rapidement, debout sur un parking, la table et le banc de pique-nique étant trempés, un couple de Sarthois en camping-car vint nous demander d’où nous venions comme cela. « D’Istanbul ». Le temps d’échanger quelques propos anodins sur la pluie et le beau temps et ils allaient se mettre à table dans leur bahut. Puis l’homme revint vers nous pour demander : « Istanbul, c’est bien en Grèce ? » En voilà un qui, comme moi, ne connait la géographie que des lieux où il est allé. Le problème c’est qu’il n’a guère dû bouger de chez lui.

Arrivée à Ste Sévère entre deux averses, juste le temps de planter la tente sur ce tout petit camping de six emplacements à deux minutes à pied du centre-ville. Ste Sévère a eu la grande chance d’être choisi par Jacques Tati pour le tournage de son film « Un jour de fête ». Un petit musée est né, avec reconstitution des PTT des années 50, une petite boutique et un film qui raconte le tournage. En musardant dans les prospectus de l’Office du Tourisme nous découvrions que nous n’étions qu’à 25 km de Nohant dont l’église peinte nous attirait plus que le château de La Bonne Dame. Nous révisions donc une fois de plus notre parcours, enfermés dans la tente dès 20 h à cause de l’orage.

Toute la matinée nous tergiversions. Entre chaque averse en fait. Dès que la tente commençait à sécher, il repleuvait. Ne devrions-nous pas rester à Ste Sévère jusqu’au lendemain ? La météo n’annonçait rien de bon pour les heures prochaines. Finalement peu avant midi nous remballions pendant une éclaircie et prenions la route. 5 km avant La Châtre nous rattrapions la route très fréquentée de Châteauroux et c’est alors que la pluie nous arriva dessus, drue, accompagnée de grands coups de vent. Tête baissée, les yeux au-dessus des lunettes, nous foncions dans la flotte. Une haie nous abrita une dizaine de minutes mais, ne voyant aucune accalmie venir, nous enfourchions les vélos sous le déluge. Et tout de suite à l’entrée de la ville, nous l’avons vu en même temps ; « cafétéria ». Nous allions manger ! Un vrai repas on allait s’offrir ! Avec entrée, et dessert, au chaud, à table, assis sur des chaises !

L'église de Nohant
L'église de Nohant

La petite église Ste Anne de Nohant est charmante. Tout le hameau est charmant d’ailleurs. Mais l’église St Martin de Vic-Nohant, à 1 km au Nord, contient des merveilles. Pourtant elle ne paye pas de mine et est à peine indiquée. Et à l’intérieur, c’est un livre d’images peintes au XIIe siècle par un peintre de génie.

Nohan-Vic, le baiser de Judas, fresque du XIIè
Nohan-Vic, le baiser de Judas, fresque du XIIè

A 4 km de Nohant les fresques de l’église de Lourouer  retinrent aussi notre attention, même si elles ne sont pas exceptionnelles comme celles de Vic. Dans ces villages reliés par d’étroites vicinales j’aimais ces humbles maisons basses, avec juste deux fenêtres encadrant une porte, et leur petit jardin souvent luxuriant. J’aimais aussi le silence de ces patelins où il semble ne jamais rien se passer.
Nous continuions jusqu’à Thevet-St-Julien,  intrigués par la publicité pour un Musée des Racines. Nous y étions accueillis par un élégant Suédois dans son rôle de conservateur. Thever-St-Julien est la paroisse du feu curé Aymon, moitié inventeur moitié artiste et hyperactif en tous les cas si l’on en croit notre Suédois. Non seulement il s’amusa à découvrir et révéler des formes dans des racines, loupes, nœuds ou simples bouts de bois trouvés lors de ses promenades, mais il fabriqua et sculpta les grandes portes de son église, la galerie, la chair, le
 lustre, les bougeoirs, les bancs, avec autant d’imagination que de savoir-faire. Mort en 1987 il reste encore dans la mémoire de bien des paroissiens comme ces deux petites grand-mères venues faire un tour dans le musée de leur curé (peut-être bien celui qui les baptisa et les maria).

Thevet St julien, sculpture dans une racine du curé Aymon
Thevet St julien, sculpture dans une racine du curé Aymon

C’en était bien fini de la sécheresse et le paysage était très verdoyant, presque sombre dans les vallons. Fini aussi les Charolaises et dans ce pays les vaches étaient peintes en rouge, pour faire la couleur complémentaire dans tout ce vert.

Georges Sand avait une maison à Gargilesse que l’on peut visiter, mais ce qui nous attirait ici c’était les ateliers des peintres de la Creuse. Découverte de Serge Delaveau, de Léon Detroit tout à fait dans la gamme de Guillaumin. L’église Notre Dame est superbe avec ses cent chapiteaux très finement sculptés et les fresques de la crypte, du XII et XVe siècle.

Gargilesse, fresques de la crypte de Notre Dame
Gargilesse, fresques de la crypte de Notre Dame

Quand elle n’est pas barrée par l’EDF la Creuse ressemble à un torrent de montagne. Entre Eguzon et Crozan la Creuse est transformée en lac avec plages et bases de loisirs. De fait le paysage et le relief changeaient et nous sentions bien que nous pénétrions dans le Massif Central. Tout le monde vient à Crozan, paradis des post impressionnistes et des amis de Guillaumin, mais Gargilesse est bien plus attachant et a su attirer des artistes contemporains. Les landes, couvertes  de bruyères et de fougères au milieu des rochers, peintes par Guillaumin & Co, sont désormais envahies par de grands arbres et l’on ne voit plus que du vert à cette saison. Ce doit être beau en fin d’automne.

Dans la boutique de « Souvenirs-alimentation », une grand-mère s’aida de sa canne pour se soulever de son siège et à notre question « Qu’avez-vous comme fromage ? » nous répondit « Oh ! Je n’ai plus grand-chose ! Il doit me rester un Camembert ». Deux yaourts lanternaient dans un frigo vide. Un magasin qui ne survivra pas à la grand-mère.

A l’issue d’une nuit chaude l’orage s’est déclenché vers 6 h du matin. Mais contrairement à nos craintes, le ciel se déchira dans la matinée et nous prenions la route, direction Sud, suivant une fois de plus une véloroute qui traverse toute la Creuse jusqu’à St Léonard de Noblat. Un autre itinéraire part de Boussac, plus à l’Est, et descend jusqu’au lac de Vassivière. Le relief n’est pas toujours facile mais l’on roule sur des petites routes très peu fréquentées.

A La Souterraine nous coupions au plus court pour aller coucher à St Pierre de Fursac où nous nous cassions le nez à la porte d’un camping fermé en août ( !?) C’est donc à Marsac que nous ferons étape, sur un terrain planté de grands hêtres et de chênes. Très belle vue sur les monts du Limousin et beau coucher de soleil dans un ciel pour Impressionnistes.

Lundi 24 août

Tempête de vent froid avec des ondées cinglantes. Des branches tombaient autour de la tente elle-même fortement secouée. Nous ne prenions les vélos que pour aller acheter de quoi dîner à 4 km, à Bénévent l’Abbaye.

Moi qui aie si souvent rêvé de coucher dans une yourte, j'y étais, même si pas en pleine steppe mongole. Et, grand luxe, même si il était surprenant de s’en servir en plein mois d’août, il y avait un chauffage électrique. La température avait terriblement baissé et le vent était toujours aussi fort en fin de journée.

C’est à partir de St Léonard que j’ai entendu l’accent chantant du Sud.

Mercredi 26 août 2015 – Lubersac

Depuis trois jours des petites routes si charmantes et tranquilles. Et nous pédalions dans le silence. Quel plaisir, même si les dénivelés étaient fatigants. Car pas cent mètres de plat dans ce Limousin.

 

Vendredi 28 août 2015 – St Céré

Un énorme coup de fatigue nous est tombé dessus. Nous nous réinstallions dans cet appartement mis à notre disposition, le décor bien connu et les habitudes vites reprises qui nient les onze mois de voyage passés.